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Parce que pédaler c’est mieux que ramer

et un crétin à moi accroché.
Et un crétin à moi accroché.

Démarrer d’un coup de pied, sentir le vent dans mes cheveux, –le pollen dans mes yeux; filer droit, filer vite, sans crainte, espace pour lui et moi réservé, vibrer, –oui vibrer, merci foutus pavés; vibrer dans l’ivresse de cette liberté, pédaler, pédaler –dérailler; accélérer dans la descente, passage à l’orange obligé, –et se faire insulter, ROOOOOOOT; filer à travers les quartiers, comprendre enfin le sens de ces rues qui se touchent, carte mentale, –et en 3D, vive les montées; noms qui s’expliquent, –KreuzBERG, PrenzlauerBERG, SchöneBERG; tout sauf belle à transpirer sur cette montagne, s’arrêter sous un arbre, se perdre parfois, pour mieux perdre du temps, pour mieux prendre la pluie, et se faire insulter encore, à contre-sens cette fois, oui je sais, pardon, retard, sueur dans les yeux, mollets en feu, et le jean déchiré par le frottement de cette foutue selle en cuir, se traîner jusqu’à ce bar sympa, –finalement y avait pas plus près ?; se battre avec le cadenas enroulé, embrasser l’arbre, –trop court; chercher un poteau libre, s’accrocher à la grille du parc et se faire insulter, –oui ça va je sais; retrouver les copains, trop fatiguée pour danser, trop de verres à refuser, retourner à la grille, trouver la selle trempée, dynamo volée, et un crétin à moi accroché. Rencontrer le crétin, –juste à croquer; l’écouter me complimenter, –super vélo; l’enfourcher, –le vélo; rouler à ses côtés, traverser Friedrichshain, rejoindre Warschauer Str., dérailler, s’arrêter sur le pont, réparer, perdre du temps pour mieux le savourer, Berlin de nuit, l’eau calme de la Spree, vue magnifique et brise d’été, repartir dans un silence gêné, amoureusement gêné, Schlesi, Görli, Kotti, le soupçonner de nous poursuivre moi et mon blanc destrier, de nous séduire, –ici c’est un de mes bars préférés, super cocktails tu veux tester ?; s’arrêter, s’accrocher ensemble, –tu pars je pars avec toi. Et avec toi mon beau vélo. Désolée d’avoir râlé comme ça… Et merci… Attends-moi là je reviens vite.

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Auteur·e

julietirard

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