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Parce qu'écrire

jecris
©Le Berlinographe

Parce qu’écrire est un terrain glissant, on devrait toujours écrire avec des bras protecteurs dans un coin. Merde, j’ai perdu les miens.

Parce qu’écrire est un passage, on devrait toujours avoir quelqu’un qui nous tienne une lanterne, au cas où. Mais je suis dans le noir.

Parce qu’écrire transforme, on devrait toujours avoir des yeux qui nous regardent quelque part, histoire de s’assurer que tout va bien. Je suis polymorphe.

Parce qu’écrire est une route, on devrait toujours avoir quelques rochers familiers sur la sienne. J’ai beau chercher, je n’en vois pas.

Parce qu’écrire me fait peur, je m’y mets tard, je finis tard, et je sursaute dans les bruits de la nuit. Je cherche celui qui pourrait éclairer le chemin de mon lit. Allumer une bougie. Me murmurer quelque chose.

Parce qu’écrire fait frissonner ma peau, je devrais toujours faire en sorte d’avoir chaud. J’ai froid. Mes mains gelées tapent en tremblements.

Parce qu’écrire épuise, on devrait toujours être sûr de pouvoir dormir tranquille. Mais moi je ne sais plus dormir sans ma tête contre sa poitrine.

Parce qu’écrire est une tempête, ça s’annonce doucement, ça souffle violemment, et ça ne s’en va pas vraiment, j’attends. Eveillée, j’attends. J’attends qu’il se passe quelque chose.

Parce qu’il devrait toujours se passer quelque chose quand j’arrête d’écrire. Sinon je tourne en rond. Je fais n’importe quoi. J’ai peur de faire n’importe quoi alors je fais des choses qui me semblent sensées mais qui se révèlent être n’importe quoi.

J’écris en anaphore des textes qui ne veulent plus rien dire. Perdue dans les émotions d’un monde qui n’existe qu’en moi, et celles d’une fille qui devrait être moi. Connaît des choses hors de ce corps, qu’on a touché une fois.
Qu’on a touché. Une fois.

Parce qu’écrire c’est se perdre, et que je meurs d’envie qu’on me trouve.

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Auteur·e

julietirard

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