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Parce que les choses changent

Oui les choses changent. Aveugle, et en mouvement. Instinct devant.
©Le Berlinographe

Les choses changent quand on range quand on mange son spleen qu’on avale qu’on digère qu’on recrache en soupirs, les choses changent et je tangue tu me tiens bois ton vin, vin de noix pain tout mou, comme nos cœurs, malaxés triturés cœurs brisés qu’on recolle pour ces lâches ces menteurs, des sournois profiteurs, tends le bras, lève nos verres, vin de noix, mange ce pain il devient froid. Les choses changent et doivent changer, bougeons les meubles, changeons le pain, boire de ce vin, ce vin de noix, changer d’amis, jaune payant pour blanc gratuit, mon cheval mon doux poney deux frêles roues et mon cœur va plus vite. Les choses changent les rues changent mon dos change mes bras mes muscles changent, des courbatures délices d’un mal qui fait du bien, du vin de noix carbure au vin de noix, les choses changent les soirs aussi, serveuse encore, sourire toujours, je tangue, navigue entre les tables, savoure ce vin de noix et fume au clair de lune. Les gens changent et se révèlent, me réveille au matin et compte les absents, rencontre les présents et change un peu moi-même. Les choses changent les arbres aussi, des feuilles des fleurs tapis de rose sur le goudron doré. Le temps change, six fois dans la journée, fatigue des nerfs changer toujours changer. Les choses changent avancent et sans prévenir me voilà qui bascule sur ce vélo tout blanc sous ces arbres fleuris entre les tables de bois m’accroche à cette guirlande à cette nappe blanche à sa bougie, choc, ouvre les yeux devant la glace, mes cheveux blonds ont disparu, mes cheveux blancs ont disparu, adieu enfance, adieu lumière. Brune. Oui les choses changent. Il faut bien suivre. Aveugle, et en mouvement. Instinct devant.

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Auteur·e

julietirard

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