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Parce que nous fuyons pour jouer ensemble

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-Quand on se parle j’entends que nous sommes deux étrangers, mais quand je te touche c’est comme si on s’était toujours connu.
-Peut-être qu’on s’est toujours connu. Avant. Ecoute ton corps et dis moi…
-Oui… Oui on s’est connu… Dans une vie, non deux, non quatre, oui quatre.
-Ferme tes yeux, dis moi dans quelles vies…
-Je ne sais pas, qu’est-ce que tu sens toi ?
-Je ne sens pas, je sais.
-Tu sais ? Dis moi.
-Nous étions des enfants. Deux enfants. Cette naïveté, ces silences, ces sourires, ces regards qu’on partage, ce sont des sourires et des regards d’enfants. Je les vois, je nous vois, ça y est.
-Quel âge ont-ils ?
-Neuf ans.
-C’est bon d’avoir neuf ans. Que font-ils ?
-Ils se sont échappés, deux enfants qui ont fui dans la nuit pour se retrouver.
-Pourquoi ont-ils fui ?
-Pour être ensemble, pour être ensemble et jouer.
-J’aime l’idée de m’enfuir avec toi pour jouer.
-Nous l’avons fait, nous le faisons encore.
-Que sont-ils devenus ces enfants ?
-Ils sont tombés d’un pont. Il pleuvait, un gros orage d’été. Il pleuvait, ils ont glissé. Ils sont tombés du pont en se tenant la main. Ils sont tombés dans l’eau profonde qui les a aspirés. Leurs petits corps fragiles.
-Viens là, viens dans mes bras.
-Il pleut. L’orage n’est pas loin.
-Viens contre moi. C’est bon d’être avec toi, si simple, si bon.
-Naïf, facile, évident. Des sentiments d’enfants.
-Des sentiments d’enfants.
-Quand tu m’embrasses dans l’orage j’ai l’impression de mourir et renaître à chaque seconde. Dans la tempête, les éclairs, et ces bruits de fin du monde.
-Quand tu m’embrasses j’ai l’impression de naître et mourir à chaque seconde. J’ai la sensation que je ne pourrai plus jamais te laisser partir. Je ne veux plus jamais te laisser partir. Jule, reste avec moi.
-Jusqu’à ce que la pluie cesse.
-D’accord. Jusqu’à ce que la pluie cesse.

Image d’illustration : « Drip Drip Drop » de Melissa Dooley. Licence CC

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Auteur·e

julietirard

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