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Parce que je ne suis plus ce guerrier nu

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©Le Berlinographe

Je suis un guerrier en armes. Mon armure brille dans l’air du matin. Brille du blanc de son or, brille dans l’or du matin, brille et moi je grogne. Car je suis un guerrier en armes, je me lève et marche droit, à travers les plaines et les dunes, sous le regard des montagnes et sur la mélodie des eaux.
Je marche, dans ma lourde armure je marche, droit, le regard fixe, la tête haute, je marche.

Je suis nue. Nue contre son torse brûlant. Je souris à ses mains, je souris à sa peau qui me caresse chaque jour d’un peu plus près, je souris à ses lèvres, de mes lèvres rosies de désir. Je lui souris. Nue. Frêle. Cassable. Friable et argileuse. Argileuse. Sa langue s’approche, je fonds. Inévitable. Et quand la porte claque, ce sont mes yeux qui se mouillent. Mon cœur bat trop fort. Car je suis nue. Et seule. Même pour une minute, seule c’est trop. C’est trop.

Inspiration. Mes doigts s’agitent. Mes jambes se replient sur le tapis. Fin de séance. J’ai repris le yoga. J’ai repris le temps. De sentir mon corps sur le sol. Mes muscles sous ma peau. Mes os qui craquent. J’ai repris ce temps. Retrouvé cet espace. Celui où les émotions ne sont pas aussi grandes qu’elles prétendent l’être. Celui où les cris de plaisir et de souffrance se font murmures. Celui où ne résonnent que les battements du cœur, le flux et le reflux du sang. Celui où je suis un guerrier nu. Au croisement de mes paradoxes. Où je ne crie ni de plaisir ni de souffrance, où je nage en silence.

Je pense à lui. Qui s’est immiscé dans ma vie il y a un mois, ou plutôt sept et demi. Converse avec mon cœur en ignorant ma tête. -Pardon je gêne ? Et tous les deux se rient de moi.
Je pense à lui. Parce qu’hier j’étais nue. Parce qu’avant hier j’étais en armes. Et qu’aujourd’hui, quand je suis avec lui, ma chemise caresse ma peau, et j’adore ça. Je me promène en culotte et chemise sur le bois de son appartement. Et j’adore ça.
Parce qu’il ne sera ni mon arme, ni mes bandages, ni ma récompense, ni mon miroir. Parce qu’il sera, parce qu’il l’est déjà : mon équipier. Parce que nous jouons dans la même cour. Parce que ni lui ni moi ne voulons être nus à nouveau, ne voulons nous couvrir de nos armures à nouveau. Et qu’à deux nous pouvons marcher côte à côte dans les plaines et traverser les dunes, sous le regard des montagnes et sur la mélodie des rivières, sans crainte, sans aucune crainte.
Parce que ce qui me terrifiait ne me fait plus peur.
Parce qu’il est ce qu’il me faut. Un équipier.

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Auteur·e

julietirard

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