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Parce que mes départs sont des aventures

chine1
©Le Berlinographe

L’avion tourne et je bascule vers l’océan. Par la fenêtre un soleil rayonnant, les vagues grises, le Pacifique, vraiment ? Et ces bateaux. Des petits, des gros, sûrement des gros en fait, l’avion est encore haut. J’ai claqué la porte il y a seize heures maintenant, je n’ai pas fermé l’œil une seconde, quatre heures du matin pour moi, dix heures ici, épuisée mais voilà que je souris. Soudain regain d’énergie. Je ne savais pas que les bateaux me faisaient cet effet-là. Sûrement parce que ce ne sont pas de simples bateaux. Ils ne ressemblent pas aux bateaux que je connais. Pas de barque marseillaise, pas de ferry pour la Corse, pas de petite chose pointue sur la Spree non… L’avion pivote à nouveau et me voilà face à cette fameuse skyline, immeubles hallucinants. Je souris encore, épuisée pourtant, soudain regain d’énergie. Ces bateaux, ces immeubles inconnus, nous sommes en avril, année 2015, encore une aventure. Je réalise que ma vie est une succession d’aventures. Parce qu’il ne s’agit pas de venir en vacances, faire du tourisme je ne sais quoi. Une aventure, encore, émotionnelle, toujours. Pourquoi quand l’un part à l’autre bout du monde on lui souhaite bon voyage, mais quand moi je pars c’est tout une histoire, des promesses d’écriture, des étoiles dans les yeux de ceux qui me harcèlent de questions. Je ne me sens pas plus importante, plus intéressante qu’un autre non. D’ailleurs quand je pars en vacances tout le monde s’en fout. Mais là je ne pars pas en vacances. Et tout le monde le sait. S’interroge. M’interroge. Attend mon récit, mes mots. Toute une histoire oui. Parce qu’au fond vous et moi on le sait. Mes départs sont des aventures, émotionnelles, toujours. Des vagues de sentiments, des courants de surprise, des successions de sourire, de larmes, de corps meurtri, d’orgasmes aussi, de solitude, de craintes et d’angoisse. Je manque souvent de m’y noyer, et puis je reviens. Je reviens vous conter tout cela. Les mots s’étalent par tartine, pour peu que je vous écrive bientôt un troisième roman.

Le taxi slalome entre les voitures. Affalée sur la banquette arrière, le nez vers la fenêtre ouverte, le vent finit d’emmêler mes cheveux, chaleur moite, délicieuse chaleur moite. Grands immeubles et coups de klaxon, centre-ville, jungle urbaine. Arrivée. Porte, grille, appartement, homme. Arrivée. Que l’aventure commence, que l’aventure commence.

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Auteur·e

julietirard

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